CARNET DE VOYAGE Australie (18ÈME étape)
Aussi contrastée qu'immense, l'Australie est grande comme 14 fois la France. Elle a la particularité d'être à la fois une île et un continent. Incroyablement changeante, l'Australie offre des paysages superbes : déserts rouges, plages de sable fin, forêts subtropicales... C'est aussi le berceau d'une des plus anciennes civilisations au monde que sont les Aborigènes.
"VILLES ET DESERTS"
31 mars 2003, notre séjour dans Melbourne.
Avec un peu de retard, nous arrivons à Melbourne en milieu d'après midi ce dimanche. Melbourne n'était pas prévue au programme, ne devant être qu'un transit par avion. Nous décidons toutefois d'y rester le temps de nous faire une idée de cette ville du sud située à cinq kilomètres de l'océan. A notre descente du bus, nous croisons une foule de supporters aux couleurs de leur équipe de football, ce qui expliquera sûrement les rues désertes par la suite.
Melbourne
Nous quittons le quartier de businessmen désert lui aussi, pour rejoindre les rues commerçantes. Cette cité de 3,5 millions d'habitants est constituée de gros bâtiments cubiques. Son centre ville a une forme rectangulaire et les rues intérieures quadrillent parfaitement le quartier. Alors que nous sortons de cette zone, il n'y a plus de respect linéaire. Elle vit elle aussi d'une histoire récente dans ses bâtiments jeunes.
Nous ne voyons toujours pas d'aborigènes dans cette ville. Pourtant, nous la trouvons cosmopolite avec entre autre le quartier chinois de Chinatown où nous passerons le principal de notre temps. Ce lieu est à part entière aux mains d'une population asiatique avec ses nombreux commerces aux enseignes et prix asiatiques, ses cybercafés, etc. Dans cette aire, se trouve l'unique musée de l'Histoire de la communauté chinoise d'Australie.
Nous visitons au sud de la ville, le grand parc de Kings Domain comprenant un centre d'art en plein air, un lac, le jardin botanique et la maison du gouverneur. Nous nous installons paisiblement dans un parc pour écrire.
Sur le chemin du retour, nous longeons la rivière Yarra avec une vue générale sur le centre d'où émergent de hautes tours. Les grandes impasses et les pubs à demi enfouis nous font penser à certains quartiers de Manhattan.
Rivière Yarra
Le marché de Melbourne est vaste et présente des étalages de toutes sortes. Il nous faudra plusieurs heures pour arriver au terme de ses allées.
Nos nuits dans les cybercafés de Melbourne.
Chaque nuit, nous la passons dans le quartier chinois et notamment dans les cybercafés où nous serons les seuls à utiliser les ordinateurs à d'autre fins que le jeu. Le dernier soir, Yann craquera tout de même pour un jeu vidéo sur un PC et se trouvera être lui-même Jeanne d'Arc !Arrivée à Adélaide et petit décalage.
A l'aéroport, nous aurons singulièrement de l'avance sur l'horaire d'embarquement et constaterons finalement que depuis notre arrivée en Tasmanie, nous avions ce décalage d'une heure qui ne nous aura aucunement perturbé dans nos nombreuses randonnées !!Rapidement, nous nous retrouvons dans les rues d'Adélaïde, ville où nous rejoindra le lendemain Marie-Carmen, une amie d'Estelle pour la traversée de l'Outback.
Adélaïde
Localisation et situation géographique
L'Outback est la région qui s'étend du Nord d'Adélaïde jusqu'à Alice Springs. C'est du sud au nord, comme l'a fait pour la première fois l'explorateur Stuart, que nous avons décidé de traverser ce magnifique et grandiose pays. Nous nous sommes attardés dans cette région, pourtant aride, mais dont la chaleur de ses habitants et la beauté de ses paysages resteront à jamais gravées dans nos mémoires.LA FINE EQUIPE : YANN / ESTELLE / MARIE-CARMEN ( MC )
Les retrouvailles
Mercredi 2 avril, 21H15 aéroport d'Adélaïde, Estelle et Yann dissimulés dans la foule guette l'arrivée de Marie-Carmen (MC). Celle-ci, après 26H00 de voyage n'a qu'une hâte : retrouver ses amis et prendre une bonne douche. Quelques clichés seront pris à l'insu de cette dernière, faisant rire la foule. Après 9 mois de séparation, les retrouvailles sont à la fois chaleureuses, émouvantes et pleines de surprises : une fleur et un porte-clés boomerang pour MC, des chocolats, des snickers, du vin, du champagne et du foie gras pour les 2 tourdumondistes. Un taxi amène ensuite le trio au backpacker d'Adélaïde afin d'y poser les affaires de MC et avant d'aller prendre plusieurs verres pour arroser les retrouvailles.Retrouvailles d'Estelle et Marie-Carmen
La journée du lendemain est consacrée à la recherche d'un moyen de transport pour monter sur Darwin. Le choix final se portera sur un " campervan ", véritable maison de luxe par rapport aux divers moyens de transports empruntés par Yann et Estelle jusqu'à présent.
La soirée se termine au cinéma, avec un remarquable Jack Nicholson dans " About Schmidt ". Notre retour tardif à la guesthouse, nous fait rater une nouvelle fois le fameux cake au chocolat offert chaque soir.
Visite d'Adélaïde.
Le vendredi nous partons à la découverte de la ville d'Adélaïde, capitale de l'état d'Australie Méridionale.Cette cité a été créée en 1836 et abrite aujourd'hui environ 1 million d'habitants. On retrouve cette image de jeunesse à tous les niveaux : population, architecture, urbanisation., et cela rend cette ville agréable à visiter mais assez pauvre en sites historiques. Yann et Estelle retrouvent un côté "" Far West " déjà rencontré dans les villes précédemment visitées. Autre avantage, tous les hauts lieux de l'histoire de la ville se trouvent sur la même rue, " NorthTerrasse Road " (maison du Gouverneur, Musée d'Australie du Sud, Universités.), pour finir au " Adelaide Botanic Garden " où le trio passera plusieurs heures parmi la flore, entre roses et hibiscus. Ce parc est l'un des plus beaux visité par Yann et Estelle depuis le début de leur périple.
Jolis balcons colorés
Préparatifs pour le grand raid dans l'Outback
En vue du départ prochain, Yann et Estelle se rendront au Central Market où les producteurs vendent leurs produits frais ; fruits, légumes, fromages., pendant que MC se reposera à la guesthouse. Dès leur retour, le trio se séparera à nouveau, Yann assouvissant sa passion pour les vieux objets, ira fouiner à l'Orangelane Market, pendant qu'Estelle et MC, sur les conseils de Tim un Australien rencontré à Ushuaia, iront à Glenelg, ville côtière du Golfe de St Vincent, grâce à un tramway d'époque au départ de Victoria Square. C'est à Glenelg que fut lue en 1836 la proclamation de l'Australie Méridionale.Estelle et MC s'installeront sur la jetée du port de plaisance pour assister, en compagnie d'un dauphin et d'un pélican, au premier coucher de soleil australien de MC. C'est avec impatience qu'elles retrouveront Yann dans la cuisine de la guesthouse en train de préparer un excellent repas à base de produits frais. Le repas sera complet puisque la fine équipe pourra enfin savourer une part du fameux cake au chocolat offert par la maison.
Coucher de soleil à Adélaïde
Sur la terrasse, autour d'un dernier verre, nous rencontrerons Nathalie, une franco-colombienne arrivée de Nouvelle-Calédonie après une mauvaise expérience. Yann et Estelle apprendront à Nathalie et MC à jouer au fameux " Stop the bus ", jeu de cartes basé sur la mémoire qu'ils ont découvert à Lusaka en Zambie.
Départ imminent.
Samedi 5 avril 8H00, répartition des tâches en vue du grand départ : Yann et Estelle prennent un taxi pour aller chercher le campervan, pendant que MC s'occupe de la lessive et de vider la chambre. A 11H00 après un certain nombre d'aller-retour entre la guesthouse et le campervan, via le passage obligé par le bar situé au rez-de-chaussée, nous croisons pour la dernière fois un habitué des lieux. En effet, nous l'avons toujours vu accoudé au bar sur le même tabouret.Notre campervan qui va nous faire traverser l'Australie
En faisant un crochet par le sud d'Adélaïde.
Destination : Victor Harbour au sud d'Adélaïde dans l'espoir d'y voir des baleines. C'est avec grandes difficultés que nous y arriverons deux heures après, car les panneaux de signalisation sont quasi inexistants !!!Victor Harbour est une ville qui a été créée spécifiquement pour la chasse à la baleine et aux phoques, activité qui a pris fin en 1864. Aujourd'hui la ville s'est convertie en station touristique. A l'office de tourisme, nous apprendrons que malheureusement la saison des baleines n'est pas encore commencée (de juin à octobre). Estelle et MC iront toutefois faire une ballade sur Granit Island, île se situant à l'extrémité de Victor Harbor, pendant que Yann préférera s'abstenir du fait de quelques coupures aux pieds rapportées de Vanuatu. L'accès à l'île se fait par un pont relié au continent réservé uniquement aux piétons et à une diligence tirée par un cheval. Les filles tenteront, sans succès, de voir les habitants de l'île, à savoir les manchots et les pingouins. Par contre, elles rapporteront en souvenir, des vues magnifiques de l'Encounier Bay.
De retour au campervan, MC offrira une boisson chaude à la fine équipe avant de prendre la route pour Port Augusta à 450 km au nord d'Adélaïde.
Première nuit dans notre campervan à Port Augusta à l'approche de l'Outback.
Marie-Carmen s'est instalée
Nous arriverons à destination vers 22H15 et nous nous préparerons à passer notre première nuit dans notre campervan, stationné sur le parking du Centre d'Information Touristique sur les Flinders Ranges et l'Outback.
Le campervan est un concept très intéressant pour nous. Tout d'abord, il nous permet de nous arrêter où bon nous semble, et même s'il n'est pas équipé de WC ni de salle de bain, il comprend un coin cuisine (gaz+frigo+évier), un coin salle à manger/couchette et une chambre en mezzanine, qui sera immédiatement réquisitionnée par Yann : le paradis quoi !!!
Détails de notre campervan
Au petit matin, enfin 9H50 pour MC, nous prenons notre premier petit déjeuner, préparé par Yann : céréales, yaourt, fruits. Puis, au centre d'informations, nous récupérons de la documentation sur les randonnées à faire dans le Flinders Ranges National Park. Ce parc, qui s'étend sur 9 500 hectares, est considéré comme l'un des plus beaux d'Australie, et a été déclaré " Parc National " en 1945.
Le FLINDERS RANGES NATIONAL PARK du 6 au 8 AVRIL
Après 150 km de route, durant lesquels nous verrons notre premier kangourou...mort sur le bas côté, et des paysages secs et arides faisant ressortir la couleur ocre du sol, nous arrivons à Wilpena Pound, point de départ des principales randonnées du parc national.Après une légère collation, nous partons pour notre première randonnée de 6,6 km vers le Wangarra Lookout.
Randonnée dans le Flinders Ranges National Park
> En chemin, à travers une forêt d'eucalyptus dont certains semblent avoir été frappés par la foudre, nous voyons quelques chèvres noires et nos premiers kangourous gris vivants. Nous sommes à la fois émerveillés et étonnés par ces animaux. En effet, ils sont plus petits que nous le pensions, moins sauvages et très curieux ; lorsque nous nous approchons, ils reculent un peu, s'arrêtent, se dressent sur leurs pattes arrières pour nous observer avec leurs petites têtes. De vraies peluches.
Kangourous gris
Arrivés au point culminant de notre randonnée, nous découvrons une formation montagneuse ayant subi une érosion de plusieurs millions d'années pour ressembler aujourd'hui à un cratère de volcan. La légende aborigène raconte pour sa part, qu'il s'agit des corps de deux serpents lovés. Au centre de cette formation, nous trouvons une végétation aride mais néanmoins verte du fait de la présence d'un grand nombre d'eucalyptus. En attendant le coucher du soleil, nous faisons quelques parties de Stop the bus puisqu'Estelle ne part jamais sans son petit jeu de cartes !!!
Nous avons oublié de vous dire que nous ne sommes jamais seuls, des nuées de petites mouches noires, volant en permanence autour de nous du lever au coucher du soleil.
En passant derrière les montagnes, le soleil laissera sur celles-ci un voile orange clair. Il est temps pour nous de redescendre, la nuit tombant très vite, nous rentrons au campervan dans le noir, suivi par les bruits intrigants de la forêt.
Ce soir c'est la fête, repas d'exception : pâtes aux champignons frais accompagnées du foie gras et d'un bordeaux supérieur apportés par MC.
Le lendemain matin, Estelle nous prépare une salade composée que nous emmenons pour notre grande randonnée de 19 km à travers la plaine que nous dominions la veille.
Un kangourou c'est très rapide...
Nous traversons d'abord une forêt aérée d'eucalyptus, puis nous entrons dans un bosquet composé de petits arbustes relativement secs. Quand nous arrivons à Bridle Gap, notre but, nous nous trouvons en fait, au sommet opposé de la chaîne de montagnes de notre point de départ. Face à nous, s'étend une nouvelle plaine d'une immensité impressionnante bloquée en arrière plan par une nouvelle rangée de montagnes. Nous pique-niquons rapidement sur ce sommet car le vent se lève et des nuages chargés de pluie approchent.
Nous nous attendions à voir beaucoup d'animaux sur cette piste, mais en fait, il fallait la quitter, comme Yann le fera, pour voir kangourous, galahs et autres. MC arrivera exténuée au campervan du fait de son manque de pratique, mais son effort sera récompensé par une bonne douche chaude !!! La pluie commence à tomber avec le soir et à notre habitude, nous nous installons pour une nouvelle nuit de camping sauvage.
Bridle Gap
Le lendemain, le temps étant toujours à la pluie, nous décidons de faire le tour du parc en voiture, un circuit de 60 km à travers l'Aroona Valley, la Brachina Gorge et la Bunyeroo Gorge. Ces chaînes de montagnes datent d'environ 600 millions d'années et regorgent de la faune locale ; émeus, galahs et même un sleepy lizzard qui prend le soleil en plein milieu de la piste (il s'agit un gros lézard de 30 cm de long dont la forme rappelle à Yann les vaisseaux spatiaux de la série télé Cosmos 1999).
Le Sleepy Lizzard
Avant de quitter ces lieux, nous ferons une dernière randonnée de 3 km à Arkaroo Rock, afin de voir les peintures rupestres, héritage de la culture aborigène. Celles-ci nous laisseront un peu " sur notre faim " puisqu'elles sont peu nombreuses et pas du tout explicites contrairement à nos attentes. Nous aurons la chance de voir un échidné (espèce de gros hérisson) que nous montrera Evy, une étudiante d'origine indonésienne qui nous accompagnera pendant toute cette randonnée afin de reparler français, langue qu'elle a apprise il y a plusieurs années.
Nous continuons à avancer dans l'Outback
Nous reprenons donc la piste de nuit, en faisant attention comme on nous le recommande, aux kangourous dont nous ne croiserons cette nuit là qu'un seul spécimen.Après 200 km, nous décidons de passer la nuit à Wirrealpa en pleine nature, à proximité d'une station. C'est le nom australien donné aux fermes d'élevage. En effet, les premiers colons d'origine anglaise et hollandaise se sont installés dans l'Outback dans l'espoir de faire fortune dans l'élevage de moutons et de boeufs. Malheureusement pour certains, ce fut un échec total du fait, entre autre, des conditions très arides de ce pays. Nous aurons l'occasion de croiser de nombreuses stations abandonnées comme témoignage de ces échecs.
Un village dans l'Outback
Le lendemain matin, suivant la règle " premier levé - premier au volant ", Yann s'installe au volant en compagnie d'Estelle, MC terminant sa nuit à l'arrière. Ce n'est que lorsqu'elle aura trouvé un cadre idéal dans ces superbes paysages de l'Outback, que la fine équipe s'arrêtera pour prendre son petit déjeuner.
Sur la route, ou plutôt la piste de terre, nous rencontrons de nombreux panneaux " Creek " ( petits courts d'eau, ruisseaux ), mais devant l'aridité du paysage nous avons du mal à imaginer de l'eau ici.
En chemin, nous nous arrêtons à la vue d'un groupe de galahs ( oiseaux de la famille des perroquets avec un ventre rouge/rose ). Yann et Estelle partent les chasser avec leurs appareils photos pendant que MC s'habille dans le campervan. Nous avons remarqué que les galahs se déplacent en groupe ou au minimum à deux, l'un semblant surveiller les alentours et prévenir les autres au moindre danger.
Les Galahs, très souvent en couple
Nous arrivons à Arkarula en fin de matinée. Il s'agit d'un village typique de l'Outback comme nous en rencontrerons beaucoup. A savoir qu'il se compose : d'une boutique faisant Centre d'Information, Camping, bar et épicerie, d'une station essence et ici d'une école de 4 élèves !!!
En attendant la fin de la journée pour partir en randonnée et assister au coucher du soleil, nous allons prendre un café au bar et faire quelques parties de Stop the bus. Pendant notre randonnée de 8 km, nous découvrons un décor différent de celui de Flinders Ranges National Park. Ici, nous marchons sur des collines de rochers rouges, ocres, jaunes, et parmi les eucalyptus, les acacias, les spinifex et autres plantes du désert formant des dômes verts et jaunes de feuilles piquantes. Rapidement, nous nous rendons compte de la richesse du sol composé de granit et de quartz. Nous sommes sur les plus vieilles montagnes d'Australie et la variété des pierres est la spécificité de la région. Nous croiserons un couple de perruches, parmi les 160 espèces d'oiseaux que comprend ce parc, des kangourous gris, mais pas de Yellow Footed Rock Wallaby comme on nous l'avait pourtant annoncé. C'est en haut d'un des massifs de cette chaîne de montagne que nous attendrons le coucher du soleil, avant de redescendre vers le village, en chantant les génériques des émissions télé de notre enfance.
L'Outback !
Nous passerons la nuit au camping du village sans pouvoir profiter de son observatoire astronomique, la nuit n'étant pas propice à l'observation des étoiles. Yann parti chercher de la bière rousse reviendra avec de la Red Bear, marque de cocktail en cannette (rhum-coca, volka-citron.) bien connue des Australiens !
Le lendemain à notre réveil, le camping est complètement désert, nous prenons donc la piste vers Williams Creek à 400 km. En route, nous ferons une escale de réapprovisionnement à Leigh Creek, un village de passage avec ses maisons concentrées autour du Market Center. Devant un magasin, une famille d'aborigènes semble errer.
La fine équipe emprunte la piste d'Oodnadatta Track, longue de 615 km entre Maree et Marla. Nous longeons d'abord ce qui semble être des collines, mais qui en fait s'avère être une vaste zone de mines où la terre a été déposée autour d'énormes trous béants, aussi énormes que les engins qui s'activent sur les chantiers. Un panneau nous rappelle les précautions à prendre, face à la dure réalité de l'environnement : " Vérifier le plein d'essence, d'eau, de nourriture. ".
Panneau de rappel des précautions
Nous faisons une halte à Farina, ville fantôme datant de 1878 comprenant des anciennes fermes, un ancien hôtel, une poste, une gare de l'ancienne ligne ferroviaire Old Ghan, une église anglicane et catholique et une école. Un tapis de cacatoès sur la piste nous obligera à une seconde halte. Tout de blanc avec leur huppe jaune, ils sont très bruyants et s'envoleront tardivement à notre venue.
Nous commençons à voir les traces de sel, signe que nous nous rapprochons du lac salé Eyre. MC en fera les frais, car sous cette croûte dure de sel se trouve une couche épaisse de boue ocre et glissante. En voulant marcher sur le sel, MC se retrouvera les fesses à terre ! . provoquant un éclat de rire général, surtout quand Yann, cherchant à l'aider, manquera de la rejoindre au sol.
Approche du lac salé Eyre
Arrêt à WILLIAM CREEK (du 10 au 13 avril)
A court de carburant, la fine équipe s'arrête par hasard à William Creek, village de 12 habitants, avec sa classique station-essence - pub - hôtel - épicerie - camping.A la sortie du village en direction du lac, nous nous renseignons sur les tarifs pour faire un " Scenic Flight " du lac et de ses alentours. 150$ de l'heure, un peu cher, on va réfléchir, aussi allons nous voir le lac de plus près. Sur la piste pour aller au lac (60 km) nous croisons notre premier dingo, chien sauvage de couleur sable. Indigène d'Australie, il est apparu sur le continent il y a 6 000 ans, et diffère des autres chiens de part ses hurlements. Lorsque lapins, rats ou souris se font rares, les dingos n'hésitent pas à s'attaquer au bétail.
A proximité du lac, les petits buissons donnent l'impression de pierres dressées ou de moutons. Nous sommes devant le plus grand lac salé australien à 15 m au-dessous du niveau de la mer. Par temps de grandes sécheresses, la couche de sel peut atteindre 46 cm d'épaisseur, mais quand les pluies l'alimentent, il devient un lac salé de la taille environ de la Hollande ! Vu de la terre ferme, nous avons du mal à nous rendre compte de l'immensité du site et cela nous conforte dans notre choix de faire notre premier vol scénique en Australie.
Convoi de chenille
Sur le chemin de retour du lac, nous croiserons la tombe d'Elisabeth, victime de l'hostilité des lieux. Nous apprendrons plus tard qu'elle est décédée le 11 décembre 1998. Elle et son compagnon sont tombés en panne sur le lac. Après 7 jours d'attente, elle a décidé de marcher seule sur la piste vers le William Creek à 60 km, mais après 2 jours de marche, elle succomba. Son ami fut retrouvé enfoui dans la boue sous leur véhicule, vivant mais dans un piteux état.
En attendant de prendre notre coucou, finalement pour 80$ grâce à Yann, nous faisons la connaissance d'Emma, une tasmanienne de 22 ans venue apprendre à piloter dans le cadre de ses études, et de Trevor, l'un des habitants de William Creek et propriétaire de deux petits avions.
Vues d'avion du lac Eyre.
C'est parti pour un survol de la région jusqu'au Lac Eyre
Malgré quelques appréhensions, le décollage se passe parfaitement bien. A basse altitude, nous survolons l'immense sol aride parsemé de petits buissons verts et de quelques points d'eau. Nous devinons les traces faites par le bétail entre chacun de ces abreuvoirs naturels, ainsi que les éternelles " creeks " asséchés en cette période. Aucune habitation sur les 60 km survolés pour atteindre le lac.
Nous volons d'abord au-dessus d'une zone blanche recouverte de sel qui nous rappelle une couche de glace. Puis, une couche d'eau translucide fait apparaître une couleur violette sur laquelle se reflètent les nuages qui semblent alors ne plus nous quitter. Il est très difficile de distinguer les reliefs. C'est magique . la ligne d'horizon se trouve entre deux soleils qui petit à petit se rapprochent pour se confondre dans une couleur rouge et or et nous offrir un coucher de soleil flamboyant ! La notion de 3 dimensions ayant disparue, l'instrumentation électronique de l'avion s'avère plus que jamais indispensable. Trevor nous indique sur son GPS les 8 000 miles qui nous séparent de Paris !
Survol du Lac Eyre, l'horizon semble disparaitre...
Avant un atterrissage également parfait, nous survolons William Creek que nous trouvons tout à coup très " peuplé " et Trevor nous explique que ce week-end a lieu la fête annuelle de William Creek. Elle attire un public de connaisseurs qui parcoure jusqu'à 500 km pour assister aux différentes épreuves proposées sur les 2 jours (chevaux, chameaux, motos, lancer de balais).
Fête de William Creek
A notre retour au village, nous finissons la soirée au pub, typiquement décoré de soutiens-gorge, strings, cartes de visite. Ici, les locaux ont des bottes et des chapeaux de cow-boy. Nous faisons partie de l'attraction car nous sommes les seuls touristes. A cette occasion, nous rencontrons un couple de chercheurs d'opales qui nous proposera de nous initier à la recherche de cette pierre précieuse dans leur village à côté de Marla sur la route de Darwin. Nous dormons au camping où on n'a jamais vu autant de monde si bien organisé : barbecue, abris type militaire.
Le pub de William Creek
C'est la fête à WILLIAM CREEK entre courses et bains.
Le lendemain matin, du camping nous entendons le monologue animé du commissaire priseur, puisque la vente aux enchères des chevaux qui vont concourir ce jour a commencé. Les derniers, nous quittons le camping avec le campervan pour nous rendre à l'endroit où se disputent les compétitions et nous nous garons aux premières loges, face à la piste. Nous assistons, amusés, aux différentes épreuves : courses de vitesse, slaloms, adresse, obstacles, individuelles ou en équipe. Jeans, chemises à carreaux, chapeaux de cow-boy et bière sont de rigueur. Les spectateurs sont assis sur les barrières pour assister au spectacle.Course de chameaux à William Creek
Tous semblent se connaître, l'ambiance est conviviale et détendue. Les concurrents affichent un fair-play certains en se serrant la main entre eux après chaque partie.
Soudain le vent se lève, le temps se gâte. La pluie s'abat fortement. Le terrain devenu boueux est maintenant trop glissant, et les courses de chameaux qui devaient suivre sont annulées. Nous nous réfugions dans notre campervan et assistons à la joie des locaux qui courent, se jettent dans la boue, faisant des batailles de boules de boue comme nous pouvons en faire chez nous avec la neige ! ! ! Nous apprendrons plus tard qu'ici il pleut en général 2 fois par an seulement, ce qui explique ce moment pleinement vécu par les habitants de l'Outback.
Alors que nous disputons une partie de cartes à l'arrière du campervan, hayon grand ouvert, Andrew un bon vivant du coin âgé de 25 ans se joint tout naturellement à nous, un peu éméché tout de même et nous apprend un jeu de cartes que MC baptisera "Outback".
Visite surprise d'Andrew
Les dernières épreuves équestres se terminant, la plupart des spectateurs ont rejoint le village et surtout ses 2 pubs. La nuit tombe et nous décidons-nous aussi de rejoindre le village. Mais au moment de quitter les lieux, la boue aura raison de notre campervan, et ce n'est qu'après avoir été tiré par le pick up de Roger, un local, que nous réussirons à nous extirper de là ! ! !
La pluie a maintenant totalement cessé, mais la bière par contre, coule à flot dans les pubs. Nous retrouvons Emma qui nous présente Evan, employé comme pilote d'avion dans la station voisine d'Anna Creek. Nous retrouvons notre sauveur Roger, vétérinaire de son état à Coober Pedy, et tous ensemble, une bière à la main, nous nous retrouvons devant le pub où se tient un groupe de musique country. En pleine rue, ou plutôt en pleine piste, nous dansons, participons au concours de tir à la corde et à la principale distraction locale : la boisson ! ! !
C'est tard dans la nuit, ou tôt dans la matinée, que la fine équipe rejoint le campervan, fatiguée, trempée jusqu'aux os de sueur, mais totalement ravie de la soirée passée. Après s'être installée pour une courte nuit, elle aura la surprise de découvrir qu'elle devra faire une place à Evan dans le campervan, ses amis l'ayant oublié à la fête ! ! !
Coucher de soleil à William Creek
Au revoir à nos amis australiens.
Quelques heures après, notre réveil tardif nous fera rater la plus grande partie des épreuves motocross. Nous décidons donc de quitter les lieux même si la route n'est ouverte qu'aux 4x4 suite aux pluies d'hier. Devant un dernier verre, nous faisons nos adieux à nos nouveaux amis australiens, tristes de les quitter mais heureux de pouvoir continuer à communiquer avec eux via internet.Evan nous propose alors de nous faire visiter sa station, Anna Creek. Nous sommes dans la plus grande ferme d'élevage de bétail du monde avec ses 8 000 km2 et ses 16.000 bêtes. 15 ouvriers, un avion et une dizaine de motos tout terrain ne sont pas de trop pour gérer la ferme et le bétail.
Prochaine étape: de Coober Pedy à Kakadu Parc