CARNET DE VOYAGE AU PÉROU (9ème étape)
Il y a un demi millénaire, la plus brillante des civilisations indiennes d’Amérique du Sud, celle des Incas, s’épanouissait sur le territoire actuel du Pérou, laissant derrière elle un patrimoine unique. En outre, son environnement montagneux attire les randonneurs dans des paysages dignes de l’Himalaya
"TERRE INCA"
Tumbes, 14 octobre 2002
Le taxi, qui semble connaître tous les douaniers équatoriens et péruviens, s'arrête au bord de la route pour prendre des bidons d'essence et nous demande alors de lui avancer dix dollars. Nous refusons pensant que la course ne vaut que 1,5 dollars pour trente kilomètres ; en fait elle en vaudra 15 dollars, somme que nous paierons finalement avec amertume à notre arrivée à Tumbes au Pérou.
Après deux heures d'attente, nous prenons un bus pour Lima, distant de 1 300 kms. Sur le trajet, après avoir visualisé le film " Pearl Harbour ", nous tentons de discuter, en espagnol, avec nos voisines péruviennes : l'une revenant de Colombie et l'autre de chez ses parents à Tumbes. Nous sommes sur la Panaméricaine et on aperçoit l'océan Pacifique de ce côté-ci du continent.
Panaméricaine
Lima
A 08h00, le lendemain matin, nous nous posons dans la capitale du Pérou : Lima. Les nuages sont bas, et la grisaille donne un côté non éveillé à cette ville. A pied nous essayons de rejoindre le centre, mais au bout d'un moment décidons de prendre un taxi. Pendant que nous entrons dans celui-ci, une gendarmette manque de peu d'administrer un PV à notre chauffeur pour arrêt sur voie rapide… Il nous faudra au final payer 15 sols (4 euros), pour une course qui en vaut la moitié !Nous rentrons dans un hôtel élégant où il nous semble comprendre 8 dollars la chambre pour la nuit. Mais lorsqu'il faudra signer, nous réalisons finalement qu'il s'agira de 48 dollars ! Nous nous retirons en nous excusant et partons à la recherche d'un autre hôtel qui se situe dans une rue piétonne.
Là, nous obtenons une première chambre sans fenêtre, ce qui ne nous enchante pas. Puis, à notre demande, nous dormirons finalement dans une chambre avec balcon sur la rue piétonne la plus animée de la ville, à dix mètres de la Plazza Mayor qui est une des plus belles places, sinon la plus belle, de la capitale… et tout cela pour quatre euros la nuit... Royal !!!
Nous partons visiter la capitale...
Avec ses 1,8 millions d'habitants, Lima abrite un tiers de la population du pays ; nombreux sont ceux qui espèrent y trouver une vie meilleure...
On reconnaît, à travers ses nombreuses places, l'architecture espagnole avec ses balcons en bois rapportés sur des bâtisses en pierre. Les rues et places sont très propres et souvent bondées de monde. Le monastère de San Francisco loge une librairie comprenant des milliers de textes antiques. Nous visitons les catacombes qui peuvent contenir plus de 70 000 personnes.
Dans l'église saint Domingo repose saint Martin, le premier prêtre noir américain.
Dans la rue, nous assistons à une manifestation pacifique de revendications sociales. La présence militaire est encore plus forte qu'en Equateur ; la population semble pourtant amicale et non dangereuse.
Manifestation Lima
Nous visitons ensuite le musée de l'Inquisition datant de 1570 et utilisé jusqu'en 1820 comme lieu de justice et de tortures des prisonniers non espagnols durant l'inquisition espagnole. Notre guide est d'origine indienne… Décidément, les Indiens ne semblent pas en vouloir à l'inquisiteur…
Puis, dans un cybercafé, suite à une coupure de courant, Estelle perd trois heures de saisie d'une newsletter, malgré les sauvegardes…C'est ainsi que nous faisons la connaissance de Ruth, la propriétaire du cybercafé.
Le lendemain, nous partons visiter El Museo del Oro (musée de l'or), situé à l'extérieur de la ville. A l'intérieur, casques, armes, tenues de guerre, suivies dans d'autres salles de poteries datant de l'époque des Chimus, des Incas, des Nazcas…Ce musée rassemble des multitudes d'objets provenant des pays du monde. Une bijouterie de renom se trouve dans l'enceinte du musée. Là, les bijoux travaillés avec finesse représentent les sigles incas les plus connus. On nous offre un pisco sour (spécialité locale à base d'alcool de maïs, de blancs d'œufs et de jus de citron), malgré nos tenues de voyageurs longue durée…
En fin de journée, nous rejoignons Miraflores, petite ville dans la ville située sur la côte. Miraflores semble abriter la classe sociale aisée et de souche espagnole ou européenne. La présence policière, discrète, est moindre. Le centre commercial à ciel ouvert à une superbe vue illuminée de nuit sur l'océan. Les prix sont élevés, aussi nous nous limiterons à une séance de cinéma " senores " (signes) avec Mel Gibson…où Yann s'endormira faute d'intrigues…
De retour à la Plazza Mayor, nous sommes contents de retrouver notre quartier populaire et la rue piétonne toujours animée en soirée.
Le lendemain matin, après un petit-déjeuner de churros (beignets fourrés à la confiture locale), nous rencontrons Ruth qui nous propose alors d'être hébergés par sa famille à Cuzco. Etant donné que nous devons retrouver nos compagnons allemands, nous déclinons son offre tout en l'appréciant. Nous décidons ensuite d'aller découvrir un autre quartier de Lima. Sur le chemin, les rues sont composées d'immenses édifices massifs et de style tout en pierre. Les places principales défilent : Plazza San Martin, Parque Universidad, plazzas entourées de parcs. Etonnant décor qui nous rappelle le Bois de Boulogne aux petits bateaux où se trouvent cygnes, canards et poissons. Au retour, nous passerons à la tombée de la nuit devant le palais de justice et l'hôtel Sheraton.
Couvent San Francisco
Nous changeons ensuite nos tenues vestimentaires car c'est le soir du Théâtre !
A l'hôtel, de notre terrasse, nous pouvons voir les marchands étaler leurs objets sur le sol. Soudain un bruit de verre attire notre attention et nous assistons à l'arrestation d'un adolescent par des militaires. La foule fait masse et semble prendre partie pour l'enfant qui, ainsi sera libéré, du fait de la pression !
Rapidement, nous rejoignons le quartier d'Isidor pour assister à une représentation théâtrale péruvienne, de l'Avare de Molière. Le public rit régulièrement dans la salle. Deux personnes restent toutefois de glace : c'est nous ! … en espagnol, on ne comprend pas toutes les affinités de la langue… Nous finissons ensuite la soirée dans un restaurant-bar où compte tenu du niveau des prix, nous nous limiterons à un jus de fruit ! Faute de trouver un endroit pour danser et ainsi finir la soirée en musique, un taxi nous ramènera à la Plazza Mayor en grillant les feux rouges, comme habituellement !
Au matin de cette dernière journée à Lima, les places et rues de la ville sont déjà bien remplies. C'est le jour de la procession. Nous nous joignons à la foule vêtue principalement de violet. Sur les parterres, des fleurs multicolores sont posées sur des petits grains de café et des copeaux de bois. Les policiers et l'armée sont fortement présents.
Nous allons rendre visite à Ruth qui abaissera les grilles de sa boutique à la venue de la procession dans la rue. Nous sommes ainsi à l'écart des mouvements de foule. Autour de nous, à l'avancée de la procession, les gens pleurent à l'écoute de la musique. Ruth nous explique que cette cérémonie est en mémoire d'une femme qui, selon le rituel, doit sacrifier son fils en le donnant en offrande au Christ pour ainsi libérer celui-ci. Alors la joie revient sur les visages !
Nous faisons la connaissance de Roso, le mari de Ruth, et de leur fils Brian. Roso est aujourd'hui en tenue civile de policier. Il portera tout de même son arme sous son veston…Puis nous nous promenons au bord du canal en attendant notre bus pour Arequipa. Nous assistons à des sketches, comédie ou musique dans des petites arènes tout au long de notre ballade. Nous serions bien restés plus longtemps mais notre séjour à Lima prend fin maintenant.
Ruth et sa famille
Arequipa
Aussi nous nous installons dans le bus pour seize heures de route. De nuit, nous traversons Pisco et Nazca sur la panaméricaine. Au petit matin, nous distinguons nettement à notre gauche le désert et ses dunes, et à notre droite l'océan Pacifique. A midi, nous arrivons à Arequipa où nous dégotons, une fois de plus, un hôtel bon marché et très bien situé car il nous offre une magnifique vue sur la très jolie place de cette ville, la Plazza del Armas.Arequipa, situé à 2 300 mètres d'altitude, compte presque un million d'habitants. Ce qui en fait la seconde plus grande ville du pays. A ses alentours, des montagnes et volcans dont le plus connu El Misti. La ville blanche doit son surnom à la roche volcanique blanche du nom de " Silla " qui a servi à la construction des édifices par les Espagnols en 1540. Régulièrement la ville subit des tremblements de terre dont le dernier date de 2001.
Dès notre arrivée, nous partons pour la visite du Monastère Santa Catalina, construit en 1580, c'est un des plus fascinants édifices religieux coloniaux du Pérou. A l'époque, seules les femmes qui avaient une dote importante pouvaient y accéder. C'est d'ailleurs grâce à la richesse d'une femme que fut bâtie cette ville dans la ville. A l'intérieur de ce monastère, nous arpentons les ruelles et habitations qui abritaient à ses débuts 500 nonnes et servantes. En 1970, le monastère fut ouvert au public. Aujourd'hui, trente nonnes résident encore dans ces lieux.
Puis, nous revenons sur nos pas visiter la place des armes et sa cathédrale. La place est comme toujours, composée de verdures et arbres dont de nombreux palmiers, bancs publics et arcades sous lesquelles se trouvent de petits commerces. De part sa couleur blanche, c'est l'une des plus belles places des armes que l'on ait vue sur ce continent. A ses côtés, la Cathédrale, bâtie en 1656, a été reconstruite à maintes reprises suite à des incendies ou séismes. L'intérieur que nous visitons lors d'une messe est lumineux, spacieux et sans surcharge décorative.
Plaza de Armas d'Arequipa
Le soir, nous apprécions la cuisine épicée d'un restaurant mexicain accompagné d'un pisco sour.
Faute de trouver à nouveau un lieu pour danser en ce samedi soir, nous buvons une cerveza dans un bar local et finirons au casino dans l'espoir de rallonger ce voyage de quelques années ! Puis, de notre fenêtre, la blancheur de la cathédrale et de la place des armes accentuée par l'illumination des projecteurs de nuit, ressort plus que jamais.
Le lendemain, nous décidons d'aller visiter Chiguata, petit village situé près du volcan El Misti à 5.822 mètres d'altitude. Sur le chemin, nous pouvons apprécier une vue panoramique d'Arequipa. Dans le village, des habitants traversent les rues accompagnés de leurs ânes et vaches, les enfants jouent sur la route avec les chiens, des dames âgées, sur un banc orange, s'ouvrent une bouteille de coca cola, les amoureux, mains dans la main, déambulent. Nous nous installons sur la place principale pour écrire la newsletter de l'Equateur.
En fin de journée, alors que nous attendons le bus pour retourner sur Arequipa, des gens s'amassent dans une voiture. Le chauffeur nous propose alors de nous conduire à Arequipa. A dix dans le véhicule, plus les trois enfants du chauffeur dans le coffre, nous prenons la route ; Estelle s'installera à l'avant sur les genoux de Yann…
Taxi
Rapidement nous retrouvons les rues animées d'Arequipa. Le soir, nous partons à la recherche d'un restaurant. Nous dégotons une sorte de cantine locale où le prix économique nous y attire : 1 euro le menu poulet-frites avec un verre de vin ! Après avoir goûté au vin, nous nous promettons de ne plus y toucher par sécurité… Le reste du repas nous remplira tout simplement l'estomac.
Cuzco
Le lendemain, nous prenons un bus pour Cusco et mettrons dix heures pour atteindre cette ancienne capitale de l'empire Inca.Historiquement, les Incas ont construit Cusco après avoir battu les Chancas en 1438. Pachacutec, le fameux chef inca, est à l'origine du développement de la cité et de l'empire inca. Au XVIème siècle, le conquistador Pizarro, après avoir enlevé un des fils héritier de Pachacutec, marcha en direction de la cité afin d'affirmer son pouvoir espagnol.
Aujourd'hui, ce ne sont plus les Espagnols mais le monde entier qui marche sur Cusco, ville de départ de nombreuses excursions archéologiques. Cusco est aujourd'hui saturé au risque d'y perdre son âme…
A Cusco, nous descendons par hasard à 20 mètres de l'hôtel de Bjorn et Francisca que nous devons retrouver dans la ville. Nous passons l'après midi à rechercher tous les quatre une bonne opportunité de trek. Compte tenu des tarifs exorbitants pour le Machu Picchu et le Chemin de l'Inca, nous décidons de trouver plus d'informations sur un nouveau site Inca récemment découvert et ainsi vérifier la validité de la rumeur qui fait bruit.
Pour optimiser la recherche, nous partons chacun de notre côté et nous donnons rendez-vous une heure plus tard. Bjorn reviendra avec une carte grossière d'un site encore à semi-enfoui qui se trouve à environ 80 kilomètres de Cusco et qui se nomme Choquequirao. Ensemble, nous décidons de partir le lendemain à la découverte de ce site malgré le peu d'informations que nous avons.
Cuzco
D'après les données de la carte (dénivelés, distances), nous nous donnons quatre à cinq jours pour couvrir l'aller-retour. Nous nous lançons dans les préparatifs (location de tentes, alimentation…). En fin de journée, nous partons visiter le site de Sacsayhuaman sur les hauteurs de la ville. Ce fut le lieu de festivité de la capitale des Incas. Le prix forfaitaire de la visite comprend cinq sites que nous ne pouvons pas faire par manque de temps. Aussi, nous décidons de rejoindre à pied Cusco en contrebas, profitant des points de vue panoramiques. Le soir, tous ensemble, nous apprécions un repas mexicain.
A l'aube, un taxi nous emmène au village de Cachora, point de départ de notre trek.
Choquequirao.....existe-elle ?
Plan pour se rendre à Choquequirao
Prochaine étape: A la recherche de la cité perdue